LA VICTOIRE DE SAMOTHRACE : DÉCOUVERTE ET RESTAURATION
Au lendemain de la guerre de Crimée, l'empereur Napoléon III souhaite intensifier la présence française dans les Balkans et sur la mer Noire. Plusieurs consulats et vice-consulats sont ainsi créés, parmi lesquels celui de Plovdiv, en 1857. Sa gérance est donnée à un jeune homme de vingt-sept ans, Charles Champoiseau, débutant dans la carrière consulaire, mais dont le zèle et la curiosité avaient déjà été appréciés à plusieurs reprises par ses supérieurs militaires et par l'Empereur lui-même \
Dès son arrivée à Plovdiv, les plaines thraces, parsemées de tumulus, attirent son attention : il aimerait bien y faire des fouilles archéologiques, pour pouvoir envoyer à l'Empereur de beaux objets antiques dont celui-ci est friand 2. Et quand en mars 1 862 on confie à Champoiseau la gérance par intérim du consulat d'Andrinople et qu'il en parcourt le territoire, cette idée ne l'a pas quitté.
Se rendant à Ainos pour y installer une agence consulaire, il en explore les environs et, « entendant vanter par tout le monde les antiquités de Samothrace » 3, il fait dans l'île un bref séjour. Enthousiasmé par ce qu'il a vu, il adresse, le 15 septembre 1862, une demande d'allocation de 2.000 francs pour pouvoir y faire des fouilles, appuyée par une évocation romantique des ruines qu'il a visitées :
« ...De toutes parts des centaines de colonnes brisées, de fûts, de chapiteaux en marbre indiquent que les temples couvraient l'espace aujourd'hui envahi par les platanes séculaires et les lauriers roses. Quelques bas-reliefs ou métopes existent encore, gisants ou encastrés dans les constructions d'un château fort à machicoulis datant du Moyen-Age. Des sépultures, des sarcophages en pierre dure, des poteries
1. Archives du ministère des Affaires étrangères, dossier personnel, lettre du 4 février 1857.
2. D'après G. Seure, BCH 49, 1925, p. 371, n. 3, Champoiseau pour fouiller ces tumulus aurait dès 1858 demandé des allocations, qui lui furent refusées.
3. Ch. Champoiseau, « La Victoire de Samothrace », RA, 1880, 1, p. 11.